janeiro 24, 2012

"Tourner la page du pessimisme pour la France", pour Marilza de Melo Foucher


Tourner la page du pessimisme pour la France

PICICA: "Depuis l’arrivée de M. Sarkozy à la tête du gouvernement de la France, la parole politique a perdu toute crédibilité tant on a pu constater une banalisation des effets d’annonce au plus haut sommet de l’Etat et des contradictions. Les déplacements du chef de l’Etat donnaient l’impression d’une campagne électorale permanente."


Si les lendemains sont gris, l’espoir est à peine caché derrière un rideau d’étoiles…


La mandat de l’actuel Président de la République, Nicolas Sarkozy, s’achève bientôt, l’occasion pour les citoyens qui éliront le prochain Président de choisir entre continuer à regarder la France sombrer dans le pessimisme, ou s’indigner, en faisant valoir le droit d’avoir de l’espoir et une vision plus positive de l’avenir. Le changement est urgent et nécessaire.


Sommes-nous en mesure d’assumer une responsabilité collective face à l’avenir ou préférons-nous laisser la planète entre les mains des seules forces du marché mondial ? Comme l’écrit Jacques Attali dans son dernier livre « une brève histoire de l’avenir ». Comment sortir de ce pessimisme qui nous immobilise ? Les citoyens ne peuvent pas assister passivement à la dérive de la démocratie républicaine.


Il n’est pas aisé de faire le bilan des politiques mises en place par ce gouvernement. Le chef d’Etat a changé d’orientation tellement souvent au cours de son mandat qu’il a dessiné une politique en zigzags. Difficile dans ces conditions difficile d’avoir une vision d’ensemble des dégâts causé par ses réformes menées avec vitesse et précipitation. Certaines réformes précipitées ne sont déjà plus en œuvre et souvent les paroles n’ont pas été suivies par des actes.


Le chef d’Etat a-t-il été réformiste ? Oui, d’un point de vue quantitatif, au regard du nombre de réformes lancées. Non, si l’on envisage leur aspect qualitatif. La majorité d’entre elles ont été contre-productives : provoquent la confusion plutôt que la clarification. Comment pouvons-nous qualifier cette méthode de gouvernement de réformisme ?


Depuis l’arrivée de M. Sarkozy à la tête du gouvernement de la France, la parole politique a perdu toute crédibilité tant on a pu constater une banalisation des effets d’annonce au plus haut sommet de l’Etat et des contradictions. Les déplacements du chef de l’Etat donnaient l’impression d’une campagne électorale permanente.


Il semblait souvent lire le même discours, n’en changeant que les conclusions... sans que la presse ne soulève jamais ambigüités de cette situation, quelques humoristes exceptés.


Le Président a pris l’habitude de changer son discours sur la crise financière. Il suffit de rappeler que M. Sarkozy, version 2007, prêchait la déréglementation boursière, défendait les prêts hypothécaires et incitait au développement des si tristement célèbres « subprimes », invitant les familles française à s’endetter.
Aujourd’hui il semble condamner le capitalisme financier dont il a toujours été un farouche partisan. Pendant la campagne de 2007, il affirmait : "Ma conviction c'est qu'une des questions centrales pour la France, c'est celle du pouvoir d'achat des français, les salaires sont trop bas, les revenus sont trop faibles". On est loin du compte !


Les copains d’abord : La gouvernance des amis.


L’actuel Président a tout fait pour avoir le contrôle du 4ème pouvoir. Il faut reconnaître qu’il a réussi à construire, tout au long de sa carrière politique, un large réseau médiatique. Tous les patrons de chaînes de télévisions privées sont ses amis, tout comme les patrons de la grande presse écrite et radiophonique, dont voici quelques exemples : Vivendi, Martin Bouygues, Vincent Bolloré, Pinault, Jean-Claude Decaux, Bernard Arnaud, Serge Dassault.


Le Président ne se satisfait pas seulement de son réseau privé : le 5 mars 2009, deux lois ont été promulguées touchant le secteur audiovisuel public de plein fouet, avec trois grands volets : la réorganisation de France Télévisions, la nomination des présidents des sociétés nationales de programme par le Président de la République et la suppression progressive de la publicité sur les chaînes publiques.
Cette réforme sera très contestée par ses opposants. Elle sera l’une des plus controversées. On lui reproche d’avoir ainsi rétabli la mainmise de l’exécutif sur l’audiovisuel public comme à l’époque de l’Office de la radiodiffusion-télévision française (ORTF).


Il est à noter qu’un intéressant parallèle peut être établi entre le réseau médiatique du Président et le classement annuel du palmarès des plus riches personnalités de la planète, selon la revue américaine Fortune.


Plus de la moitié des dix premiers Français les plus riches sont présents dans le secteur de la communication : Bernard Arnault (17 milliards de dollars), Serge Dassault (7,8 milliards de dollars), François Pinault (5,9 milliards de dollars), Jean-Claude Decaux (5,4 milliards de dollars), Martin Bouygues (2,4 milliards de dollars), Vincent Bolloré (2,2 milliards de dollars). A voir ces infos dans  « Les nouveaux chiens de garde » - Serge Halimi).


Est-ce un hasard si tout le gratin du patronat médiatique était invité au banquet offert par Monsieur Sarkozy, pour fêter sa victoire au Fouquet’s, établissement qui appartient à son ami Dominique Desseigne, PDG du Groupe Lucien Barrière.


On a ainsi pu voir les meilleurs classés du Cac 40 autour de la table du nouveau patron de la France ! A cette occasion le Chef d’Etat a voulu apparaître en grand fédérateur du club Fouquet’s, que son ami Christian Estrosi appelle la grande brasserie populaire de Paris ! Avec ce geste il a forgé la gouvernance des amis.


Le champion des  « buzz » médiatiques


Pendant les derniers jours de la campagne présidentielle de 2007, le candidat Nicolas Sarkozy a donné l’image burlesque de l’avenir des médias français. Qui a oublié cette mise en scène où il galope en souriant sur son cheval blanc tel Napoléon ? Il regardait avec gourmandise les journalistes qui le suivaient tous, entassés dans une charrette tirée par un tracteur.


Cette vision métaphorique est l’image que M. Sarkozy a voulu donner de la presse française. Sa stratégie de communication semble bien ficelée. Sa méthode tactique est d’imposer son agenda politique aux journalistes et aux médias.


La communication devient une action politique. Il a su gouverner pour communiquer, en mettant en valeur la démocratie d’opinion. Dans ce sens, il est devenu le champion des  « buzz » médiatiques. Ces derniers sont doublement efficaces. Ils donnent le sentiment que le gouvernement agit avec détermination. Il fait en sort de donner des fausses bonnes nouvelles à la presse et des scoops… L’autre finalité de la création de ces « buzz » médiatiques est de déstabiliser en permanence la gauche, de fragiliser les mouvements sociaux et de ridiculiser les syndicats tout en prêchant le dialogue social…


Ainsi pendant tout le mandat du Président, sa grande spécialité a été de dresser les uns contre les autres. Ses « buzzmédiatiques » visaient aussi à donner l’image qu’il a mis en application ses promesses de campagnes ! Sur les chaînes de télévision le martèlement médiatique a été parfois exagéré. La frontière avec la manipulation de l’opinion publique est toujours ténue : défilés permanent de ministres sur les plateaux des télévisions et radios, tous avec des éléments de langage identiques, bien formatés par l’Elysée.


Mais fort de sa tactique, M. Nicolas Sarkozy met aujourd’hui sur le dos de la crise économiques tous les échecs de son gouvernement.


Et le martèlement médiatique reprend des airs de campagne pour la plus grande joie de professionnels de la communication. Tous les ministres parlent d’une seule voix pour affirmer que la crise financière a empêché le Président de bien mener ses réformes… Le gouvernement décline toute responsabilité… le « buzz » médiatique reprend sa dynamique. Pourtant, il est notoire que le Président est un converti de longue date à la doctrine néolibérale, son obsession pour la croissance économique et la dérégulation de l’économie de marché est absolue.


L’émergence de l’Etat Entrepreneur sous la Présidence Sarkozy.


M. Nicolas Sarkozy n’a pas manqué les occasions pour illustrer sa vison de l’Etat et son éloignement des valeurs républicaines et démocratiques. Pour lui, il fallait gérer l’Etat comme une entreprise privée. En tant qu’avocat d’affaires, il était prêt à défendre ses intérêts. Pour cela il fallait investir dans la déconstruction de l’unité républicaine.


Ce gouvernement est responsable du démantèlement du rôle de l’Etat dans la gestion et la cogestion des politiques publiques, il a dilapidé les ressources de l’Etat, avec le boucler fiscal, en défiscalisant les revenus de la fortune, de la rente et de l’héritage. Son souci prioritaire a été d’alléger les impôts des plus aisés. Il a préservé sa grande proximité avec les milieux de l’argent. Le Président Patron, pour sauver les banques, a su mobiliser tous ses efforts. Il continue de tout faire pour empêcher l'écroulement du système financier, mais rien ou presque n’a été fait pour créer un dynamisme dans le monde du travail.
Le gouvernement de Mr Sarkozy a toujours manqué d’ambition présidentielle en matière d’équité. Il va laisser un France non seulement dans une grave débâcle économique, mais aussi dans une profonde faillite morale et éthique de l’Etat républicain : perte de sens, dénigrement de la sphère publique, intérêt personnel primant sur l’intérêt général.


Le Président a su, tout au long de son mandat, cultiver la méfiance systématique vis-à-vis de la sphère publique. Avec lui l’Etat a perdu ses fonctions sociales et sa liberté d’agir pour le bien-être des citoyens. L’Etat central n’est plus garant de la solidarité nationale, ni capable d’assurer l’équité entre les différentes collectivités et les inégalités territoriales ne cessent de grandir. Avec lui au pouvoir, la décentralisation de l’Etat a pris un virage loin de renforcer la démocratie et la solidarité territoriale. Son but était plutôt de diminuer le rôle de l’Etat en transférant de nombreuses compétences aux collectivités territoriales sans pour autant leur donner, en contrepartie, de nouvelles ressources pour financer les nouvelles charges transférées. Il a plutôt créé le désordre dans les échelons de la gestion territoriale.


La société française, dont la cohésion sociale était déjà très fragilisée par une crise sociale sans précédent, est confrontée par l’ampleur et la brutalité de la dégradation du marché du travail. La France avait déjà connu une profonde situation de chômage mais jamais la hausse n’a été aussi brutale et rapide que ces derniers mois.


Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement s’est employé à provoquer, au pire moment de la crise économique, un débat sur la question de l’identité nationale, divisant davantage encore la France sur les sujets de société. Comment, dans ce contexte, sortir la société française du pessimisme ?


La gauche pourra-t-elle raviver l’espoir sur ce champ de ruines et reconstruire le vivre-ensemble ?


La Gauche socialiste ne doit pas se laisser fasciner par le modèle de gestion imposé par la gouvernance mondiale. Ce modèle a contribué à ruiner les fondements de la démocratie des Etats. La démocratie est un ensemble de valeurs, de droits et de libertés, si nous désertons de ces droits il ne vaut plus la peine de réaliser les élections ! Il ne faut pas laisser la dictature du marché nous gouverner. Si nous nous arrêtons pour analyser les conséquences du transfert des pouvoirs aux « agents globaux » nous pouvons comprendre le désordre planétaire.


La solution serait de restaurer la conception démocratique de l’état et ses prérogatives : participer pour réorganiser les structures multilatérales de la gouvernance mondiale.


Il est tout aussi urgent de tirer les leçons des gouvernances de gauche en Europe. La redistribution de la richesse, le partage, la justice sociale ne sont ni dépassés ni périmés. Le sens de la solidarité, de la réciprocité reste une motivation forte. Ainsi que la politisation de thématiques collectives pour reconstruire la citoyenneté.


La gauche doit être fière de son patrimoine, il ne faut pas laisser à la droite le monopole des stratégies de communication destinées à effacer de la mémoire des Français, les conquêtes sociales réalisées par la gauche, dont beaucoup ont été des combats douloureux.


La liste est longue : lutte pour les droits des travailleurs, laïcité républicaine et liberté de conscience, congés payés, retraite, liberté d'association, libertés publiques, suffrage universel, assurance-maladie, enseignement obligatoire, droits des femmes, services publics, égalité devant la loi, abolition de la peine de mort, liberté de la presse et liberté d’expression. Remémorez-vous !


Le défi de la gauche est de s’adapter à un monde en mutation, elle doit être porteuse d’une nouvelle approche du développement pour construire un projet de société plus juste et solidaire, respectueux de l’être humain et de son environnement.


Seule une vision systémique du développement peut garantir la durabilité écologique, sociale, culturelle, politique et économique.


Ce nouveau mode de vie promeut la juste, la répartition des fruits de la croissance économique et le droit à un environnement protégé. Dès à présent, il nous faut créer les outils nécessaires pour affronter des défis globaux tels que l'accroissement des inégalités, la lutte contre l’appauvrissement, la raréfaction des ressources naturelles, le réchauffement climatique, tous ces problèmes ne peuvent être traités qu’avec une vision globale et dans la durée.


Note : Informations consultés dans la presse, revues politiques, le DILA-Informations légales et administratives.


Fonte: MEDIAPART

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